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Visions oniriques, rituels, mythes et récits scientifiques sont à parts égales ce qui forme le riche imaginaire de Chloé Viton. Elle utilise la sculpture, le dessin, les costumes, l’installation et la performance pour donner forme à la relation apparemment insaisissable entre les récits inconscients, les sciences naturelles, les nouvelles cosmogonies et les croyances mythologiques. Le résultat final consiste en des mises-en-scène et des tableaux mystérieux, des environnements sculpturaux qui prennent souvent vie grâce à des activations non-narratives et étendues dans le temps.
Dans ce monde chargé d’esprits, peuplé de personnages ésotériques, sans visage et non-genrés, qui vaquent à leurs rituels et rythmes quotidiens pendant des heures, les formes que Chloé Viton extrait de son imagination et de ses recherches pointent vers la tentative incessante de l’humanité de donner sens au monde et à sesphénomènes, qu’ ils soient visibles ou non, à travers la narration et la fabrication des fables.

Pour l’installation et la performance Cosmic Soup (2020-21) qu’elle a présentée au MO.CO.Panacée et au Centre Pompidou, Chloé Viton a transformé la « soupe cosmique primordiale », une théorie de l’évolution qui situe l’origine du monde dans un grand bain aqueux duquel ont émergé et se sont réunis, d’une manière aléatoire ou par affinité, six éléments chimiques, en six personnages chacun avec son propre costume, masque, accessoires, attributs et rituel. Comme toutes les œuvres de Chloé Viton, celles-ci ont été minutieusement cousues et fabriquées à la main, témoignant de l’hybridation qui s’exerce en permanence, aplanissant toutes les frontières qui peuvent exister entre l’artificiel et l’organique, l’humain, le végétal, l’animal ou le minéral, à travers des matières diverses qu’elle traite avec autant de soin et d’attention : textiles, résine, eau, céramique, latex, cheveux synthétiques, faux ongles, cire, algues, son, etc.
Si ses œuvres peuvent être qualifiées de fluides ou humides, avec un penchant pour des formes organiques – coquillages ou plantes marines – quels que soient les matériaux utilisés, c’est parce que Chloé Viton a conscience qu’en fin de compte, tout peut se retourner à des masses d’eau, à des corporéités instables en métamorphose permanente.


Anya Harrison

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